lundi 6 septembre 2010

Mise au tombeau de Soignies


Mise au tombeau. Hainaut 1440-1460. Pierre d'Avesnes-le-Sec,
trace de polychromie; niche : 265x260 cm, groupe de 8 statues : 120x200 cm.
Soignies collégiale Saint-Vincent.


Devant l'absence de document sur le net concernant ce témoin remarquable de la sculpture des anciens pays-bas bourguignon. Je me suis décidé à y remédier. La mise au tombeau se trouve dans le déambulatoire de la collégiale de Soignies. Ce groupe s'apparente nettement par son traitement, au langage pictural de Rogier van der weyden, alors même que son thème iconographique lui (mise au tombeau) est nettement de tradition hennuyère ou l'influence française est plus sensible.
Détail de la peinture murale : mauvais larron.

On relève des restes de polychromie, et la peinture murale laisse encore apparaitre le mauvais larron et un paysage dont les relief prononcées bordent un cour d'eau torturé. Si le groupe de Soignies à été sans aucun doute réalisé dans un atelier de qualité (brussel ?) la peinture est probablement le produit d'un artiste local de moindre qualité.


Détail : tête du christ.

Détail : Nicodème.


Détail : buste de Marie-madeleine.
Détail : Marie (Cléophas ou Salomé).

Détail : Visage et main de Marie (Cléophas ou Salomé).

Détail : Joseph d'Arimathie.

Détail : tête de Saint-Jean

Détail du visage de la Vierge.

Ci-dessous un autre exemple de mise au tombeau par deux élèves de Claus Sluter.

Mise au tombeau de la chapelle de l'hôpital de Tonnerre. George et Michel de la sonette 1454.





Bibliographie :

John W. Steyaert. Late gothic sculpture : the Burgundian Netherland,
Gand, Museum voor schone kunsten, 1994.
Bart Fransen, "Mise au tombeau", in Rogier Van Der Weyden [1400-1464]
-Maitre des passions-M.Louvain. 2009

jeudi 9 avril 2009

Le catalogue de l'exposition : "The Master of Flémalle and Rogier van der Weyden"



The Master of Flemalle and Rogier Van Der Weyden. Sous la dir. de Kemperdick (S) et Sander (J). Hatje Cantz editions. 2009.404p.


On trouve désormais dans de nombreuses librairies le catalogue (dont l'iconographie est fort soignée) de l'exposition récemment organisée par le städel Museum de Francfort.

Cette exposition extraordinaire par bien des aspects, à réunit pendant quelques mois certaine pièces du groupe "Flémalle" pour la toute première fois.
Sous l'égide notamment de stefan Kemperdick, cette manifestation s'est révélée relativement fertile si l'on en juge par les nouvelles attributions effectuée; toutefois il est probable que le mystère ne fasse que s'épaissir. En effet en dehors de l'historien de l'art qui agite avec convictions ses théories, il faut avouer que l'amateur reste sceptique sur certaine conclusions. Pourtant si celles-ci restent bien évidemment sujette à cautions, les observations faites en amont sont d'un réel intérêt et apportent un éclairage nouveau et stimulant sur le problème Rogier Van der Weyden/Campin.

Cela mit à part il reste véritablement étonnant que Kemperdick rejette l'origine Valenciennoise de Campin. Or, on se souvient qu'Albert Châtelet avait, a travers une démonstration convaincante, émit l'idée d'une origine Valenciennoise ou du moins de ses environs1. C'est rappelons le, avec celle d'une origine Scaldienne, la théorie la plus satisfaisante dans l'état actuel de nos connaissance.


1.CHATELET (A.), Robert Campin, le Maître de Flémalle : la fascination du quotidien, Anvers, Fonds Mercator, 1996, 379 p.

voir également : CHATELET (A). Robert Campin et le Hainaut in Campin in context. Peinture et socièté dans la vallée de l'Escaut à l'époque de Robert Campin. Collectif sous la direction de Nys (L) et Vanwijnsberghe (D). PU de Valenciennes. 2007. 343p.


vendredi 3 avril 2009

La musique dans les pays-bas au XVIIe


Peter de Hooch "A musical party" 1677

Si la création des provinces-unies, officiellement reconnue par le traité de Westphalie en 1648, consacre la séparation des pays bas en deux entités politiques distincte, le sud et le nord du pays présentaient déjà, sans même évoquer l'aspect confessionnel, des faciès différent. En effet si l'importance politique des Pays-bas méridionaux se trouvait avéré au XVe siècle, les choses changèrent à mesure que les cités scaldienne amorcèrent leur déclin économique. Ce changement dans l'équilibre politique de la région fut entériné sous les Hasbourg et condamna la partie méridionale des Pays-Bas alors corseté par l'église catholique et une noblesse tout autant conservatrice à ne plus connaître, a quelques exception, de grands bouleversements dans les arts et sciences.

Le déclin croisant d'Anvers au profit d'Amsterdam illustre bien le changement économique qui s'est alors opéré au profit des provinces du nord. Au XVIIe.s l'association de l'esprit national, des mœurs calviniste et de l'activité maritime fleurissant donnèrent naissance à un âge d'or où sciences, peinture, architecture et littérature s'épanouirent comme jamais dans la jeune république.


Toutefois la musique resta étonnement en retrait et ne tira que fort peu profit de cette effervescence, il fort probable que cet état de fait soit le résultat des exigences tant religieuse que sociale en vigueur à cette époque dans les Provinces-Unies. Le calvinisme imposait en effet au compositeurs un dépouillement le plus complet, au point de ne tolérer que l'orgue comme accompagnement des psaumes.

Suite...a venir

La peinture du XVe.s sur le net

Aparences.net : Beau et bien fait!

Enguerrand Quarton Online

Ut pictura musica

Bien connu des amateurs de musique ancienne, denis Grenier annime en plus d'une emission de radio deux blogs formidable qui réunissent merveilleusement musique et peinture.





Ut Pictura Musica

Couleurs
par Denis Grenier

jeudi 2 avril 2009

Hans Memlinc.

Né à Selingenstadt-sur-le-Main 1, en Allemagne, probablement aux alentours des années 1440, on ignore tout de sa formation initiale 2. Bien qu'aucun document ne vienne l'attester formellement 3a Memlinc du probablement se perfectionner dans l'atelier de Rogier Van der Weyden. En effet la grande parenté stylistique entre les deux artistes et l'arrivée de Memlinc à Bruges aussitôt après le décès de Rogier Van der Weyden 3b vont dans ce sens.


L'homme qui vient alors de se faire enregistrer comme citoyen de Bruges le 30 janvier 1465 sous le nom de Jean Van Mimnelinghe y passera le reste de son existence jusqu'au 11 août 1494, date à laquelle il s'éteint.

La vie d' Hans Memlinc reste tout d'abord marqué par son incontestable réussite professionnelle, il compte en effet non seulement parmi les citoyens les plus aisé4 de la ville mais est également considéré par ses contemporains comme l'un des plus excellent peintre de son temps 5. Paradoxalement même si Memlinc a jouit d'une renommée internationale de son vivant sont influence artistique aussi considérable qu'elle fut, resta dans l'orbite brugeoise, et ses peintures elles-mêmes devaient d'ailleurs être jugé avec sévérité par les générations suivante.


Curieusement Memlinc ne fut jamais inscrit au sein de la gilde des peintres et selliers brugeois et ne semble pas pour autant avoir eu de fonction a la cour ducale qui expliquerait cette exemption. On en à donc déduit qu'il devait occuper une position privilégiée.

Signe d'une reconnaissance sociale toujours plus grande le peintre fut admis, aux Alentours de 1473-1474, au sein de la confrérie religieuse de Notre-dame-de-la-Neige qui avait pour siège Notre-Dame à Bruges. Cette confrérie était composé d'hommes appartenant à la noblesse, au clergé ou a la haute bourgeoisie. Autre élément qui illustre l'aisance financière du peintre brugeois, vers 1480 il reçoit un remboursement du prêt 6 consentit par Bruges à Maximilien D'autriche.


Sur un plan plus personnel on ne sait que peu de chose si se n'est qu'en 1466, Hans Memlinc s'installe dans une grande maison en pierre rue Saint-George et qu'il en deviendra par la suite propriétaire. On ignore tout de sa femme hormis son nom (Tanne ou Anne), et la date de sa mort (1487). De ce mariage étaient alors nées trois enfants : Hannekin (Jean), Neelkin (Corneille), et Claykin (Nicolas). On sait qu'aucun n'avait atteint la majorité (25 ans) à l'époque du décès de leur mère puisque la part de l'héritage destiné aux enfants fut mit sous tutelle. Il devait d'ailleurs en être de même lors du décès de leur père sept ans plus tard. Ce fut alors un confrère d'Hans Memlinc, Louis de Valkenaere qui fut désigné comme tuteur des enfants.


1: Situé sur la rive gauche du Main à mi-chemin entre Francfort et Achaffenburg. Les archives de la ville mentionnent a plusieurs reprises le nom de ses parents : Hammann mômlingen et Luca Styrn. Peut-être originaire du village de mômlingen ( A environs 15km au sud-ouest d'Achaffenburg).

2: L'absence de grand foyer artistique aux alentours de Selingenstadt laisse envisager que c'est à Cologne que le jeune Memlinc fit ses débuts.

3A: Non seulement Vasari en 1550 considérait déja Memlinc comme l'élève de Rogier Van der Weyden, mais un autre élément va dans ce sens. Un inventaire de 1516 de la collection de Marguerite d'Autriche attribue un le panneau central d'un triptyque figurant une pietà à Maître Rogier et les panneaux latéraux de ce même triptyque a maître Hans.

3B : Rogier Van der Weyden meurt le 18 juin 1464.

4 : Hans Memlinc est recensé comme l'un des 150 citoyens les plus aisés de Bruges.

5 : Rombouts de Doppere, bénéficiaire de l'église Saint-Donatien et greffier apostolique mentionne dans son journal a propos de Memlinc :

« Die XI Augusti, brugis obiit magister Johannes Memmelinc quem praedicabant peritissimum fuisse et excellentissimumpictorem totius tunc orbis christiani. Oriendus erat Magunciaco, sepultus Brugis et Aegedii... »

6 : Memlinc figure alors parmi les 107 citoyen aisées qui avaient, chacun, prêté une livre.

vendredi 21 novembre 2008

Le Calvaire des tanneurs.



« Le lieu de la crucifixion est appelé dans les évangiles le lieu du Crâne (Golgotha en hébreu, Locus Calvaria en latin). » Ce qu'explicite la présence d'un crâne humain au pied de la croix. «Cependant, dés le Vie siècle, l'idée d'un « mont » Calvaire s'est imposée et à été adopté par les artistes. Ainsi la croix est elle souvent plantée sur un monticule. ».1 Le Golgotha est considéré par tradition comme le lieu de sépulture d' Adam, son crâne présent au pied de la croix est un renvoi direct au rachat du péché originel opéré le sacrifice du Christ.


Description : Sainte Catherine à gauche, pose sa main sur une roue à pieux symbolisant son martyr. Dans sa main droite l'épée à deux mains dont l'extrémité est saisie par son bourreau, l'empereur romain Maximien, rappelle que les Pieux de la roue s'étant brisées sur son corps, elle fut décapitée. A droite, sainte Barbe est représentée avec ses attributs : Dans sa main gauche, la palme du martyr, tenue entre le majeur et l'annulaire d'une façon aussi improbable que difficile à reproduire anatomiquement. Dans l'autre main, dissimulé par son manteau au revers d'hermine, repose la tour dans laquelle elle fut enfermée sur ordre de son père, dans le but de la préserver du prosélytisme chrétien.



La composition repose sur une symétrie entre les différents groupes qui à pour pivot le Christ en croix. Le groupe de Saint-Jean, quasi monolithique répond strictement au groupe de Longin en formant en quelque sorte un C réfléchit. Les saintes qui de part et d'autres reposent au seuil de leurs loges, se renvoient l'une à l'autre et encadrent la composition de deux mansions. Sainte Barbe dont la pose présente à l'œil la forme d'un S semble, pour reprendre les mots de Panofsky, « s'infléchir et hanché en deux dimension plutôt qu'en trois », chose qui est encore plus patente avec sainte Catherine dont la robe sans autres plis que ceux présent sur le sol, est absolument en aplat. Le fond doré parcourus de rinceaux filigranés, ne s'est pas encore ouvert sur un paysage (ce qui constituera alors une avancée majeure dans la peinture sur panneau), cependant les loges et leur intérieur laissent entrevoir l'ébauche d'un espace que la lumière et l'ombre viennent introduire.

Le pavement montre très clairement dans son traitement, les limites de la peinture sur panneau des Pays-bas septentrionaux au début du XV siècle. Si l'extérieur des bâtiments ne choque pas trop, bien que les droites s'élancent vers de multiples point de fuites et ce, de façon si violente que l'on pourrait croire que la loge de Sainte barbe repose a demi sur un monticule de terre , le pavement, lui, traduit à première vue une véritable contradiction avec laquelle le peintre à du se débattre. L'introduction d'un pavement dans l'intérieur des deux bâtiments met au prise le peintre avec un problème difficilement soluble. Dans le cas de la loge de sainte Barbe, le pavement qui est disposé de part et d'autre de la sainte, n'offre aucune continuité. Tout d'abord la base frontale de la loge en contact avec le sol n'est pas constitué d'une droite rectiligne, mais d'une droite aligné, légèrement incurvé en son centre. Ce simple état de fait signifie que si le peintre avait prit la peine de disposé la totalité de son pavement strictement en parallèle à cette base, il eut déjà éprouvé un problème certain, en se retrouvant alors avec un quadrillage infléchît et curviligne en son centre, perturbant de manière évidente la cohérence la plus élémentaire du motif, c-a-d le pavement. C'est ce qui semble se passer au seuil exact de la loge, ou les quelques pavés présent rétrécissent à mesure qu'ils se rapprochent du bord du panneau, renforçant par là sensation que le sol s'incline doucement vers le centre de la base. C'est d'ailleurs curieusement le contraire qui se produit derrière la sainte, le pavement se gondole et s'arrondit plus ou moins insensiblement en son centre.

Si aucunes des droites du quadrillage au devant de la sainte n'est parfaitement rectiligne, ni absolument parallèle, la plupart toutefois, s'efforcent de suivre l'ensemble directeur que représentent à la fois la base, et les murs de l'édifice. Cependant au dos de Sainte Barbe ce n'est plus cet ensemble qui constitue l'étalon de référence des droites du quadrillage, mais l'unique mur à la droite de la sainte. Cette rupture violente des droites avec l'un des coté du quadrilatère met en péril la continuité du pavement et par conséquent celle de l'espace. Ce pavement qui pourrait (même imparfaitement réalisé) renforcer la notion d'espace et la cohérence du décor, se trouve ici utilisé à la façon d'un motif de remplissage. Ce carrelage largement perturbé par la présence de la sainte, apparait finalement indépendant de la structure comme si il n'en subissait ni les lois, ni les contraintes.



Als ich Kun.



Dans cette œuvre du début XVe « [...]les traditions du Gothique International s'évanouissent au profit d'une sensibilité plus humaine, sans raffinement mais avec fraîcheur.

Le Calvaire des Tanneurs de la cathédrale Saint-Sauveur manifeste le style brugeois de cette période. Le christ en croix est entouré aux extrémités de Sainte Catherine et de sainte Barbe, à l'entrée de constructions simplifiées à l'extrême. Les deux groupes de personnages, disposé de part et d'autres de la croix, semblent comprimé, figés dans des poses hiératiques. Pourtant, bien que l'ensemble soit resserré, on sent une volonté d'exprimer les sentiments de chacune des personnes. La volonté émotionnelle et pathétique de la scène transparait dans le geste de Jean tenant la main de la Vierge, éplorée, ou dans l'expression affligée des saintes femmes. Cette poussée inattendue vers le naturalisme [...] peut s'expliquer de différentes façons.

L'originalité de ces peintures réside sans doutes en partie dans le fait que les artistes ont ici travaillé en dehors des sphères princières, pour une clientèle nouvelle constituée de bourgeois dont les goûts simples s'embarrassaient moins des conventions artistiques. Avant le départ en Flandre de la cour bourguignonne, le mécénat exercé dans les pays-bas méridionaux demeurait en effet l'apanage du clergé et de la bourgeoisie. Pour répondre à cette demande plus populaire, les artistes, libérés des traditions et débarrassés des multiples contingence iconographique et stylistique, on dû faire preuve d'imagination pour rencontrer le goût de leur public. » 2



« Avant que la cour de Bourgogne ne fût transférée en Flandre, la différence des conditions de production artistique dans les ancien Pays-Bas par rapport à la France venait de ce que le mécénat y était exercé par des hommes appartenant à la riche bourgeoisie et au clergé, plutôt qu'a la haute noblesse. Mais à l'intérieur même de ces pays bas, on constate qu'il faut faire une distinction marqué entre le sud et l'ouest, d'une part, et le nord et l'est, de l'autre. La Flandre et l'Artois se trouvaient rattachés à l'empire de Bourgogne, mais le siège de cet empire demeurait Dijon. Le Hainaut appartenait à la dynastie bavaroise [...] ; mais les intérêts de cette dynastie se situaient principalement en Hollande. Dans le sud et l'ouest, c'étaient donc les grandes villes -Ypres, Gand, Bruges, Tournai – qui étaient des foyers de vie intellectuelle et artistique, tandis que dans le nord et l'est abondaient les cours princières, dont les souverains liés à la France et à la Bourgogne par des relations dynastiques et culturelles, se trouvaient pour ainsi dire sur place.[...] Il s'ensuit, de façon assez paradoxale que, dans certaines régions germaniques du nord et de l'est, prévalaient une vie de cour plus Parisiennes que dans les province bilingues de la Flandre, du Hainaut et de l'Artois.[...] » C'est dans ces régions germaniques et en particulier dans la Gueldre « (où règne, semble-t-il, un climat de culture raffinée) que la peinture se rapproche le plus des idéaux aristocratiques français et franco-flamands ». Toutefois, ce goût de l'aristocratie locale pour l'art franco-flamand et français n'élimine pas complètement les tendances régionale au point que l'on a pu qualifier certain panneaux de « mi-parisien, mi-rhénan ».3



« D' un caractère tout différent sont les rares peintures sur bois et peintures murales, produites dans le sud et l'ouest des ancien Pays-bas vers 1400 ou peu après, qui nous soient parvenues. On y voit les traditions de la cour et de l'art français et franco-flamand presque totalement abandonnées en faveurs d'un naturalisme résolu, qui parfois, frôle la caricature, et cette tendance vers une simplicité terre-à-terre faisant fi du raffinement s'observe même chez les successeurs immédiat de Broederlam. » 3



Le « style de Bruges, [...] est représenté par le célèbre Calvaire des tanneurs de l'église saint-sauveur, qui montre un christ en croix, composition flanquée de deux saintes à la chevelure mousseuse, sainte Catherine et Sainte barbe. Ces deux figures se tiennent au seuil de petites constructions simplifiées, à la façon dont les acteurs des mystères de la fin du moyen âge sortaient de leur Stände, ou loges. Les guildes se chargeant en grande partie de la mises en scène de ces représentation religieuses, il est possible que le Calvaire des tanneurs se soit inspiré de cette disposition théâtrale. D'une technique sommaire, avec, sous la croix, les personnages comprimés en deux groupes serrés, ce panneau manque de raffinement et de dignité, surtout si l'on évoque l'équilibre sculptural d'un Calvaire tel que la peinture murale d'Amsterdam, provenant de saint-walburg de zupthen, dans la Gueldre où même la peinture murale, qui favorise naturellement un style large et rapide, atteignit un haut degrés de perfection. Mais il est à noter que, dans le Calvaire des tanneurs, le naturalisme flamand prend un tour psychologique. L'artiste ne recherche pas tant la beauté que l'intensité de l'émotion. Le motif du svenimento (l'évanouissement de la Vierge dans les bras de saint jean) est rendu vrai et touchant par le geste que fait l'apôtre de lui tenir la main ; et le visage pensif du centurion s'oppose en vif contraste à celui de Longin (soldat qui perça de sa lance le flanc du Christ), profondément ému sous ses dehors quelque peu patibulaires.

Si expressif qu'il soit, le calvaire des tanneurs reste d'un style pondéré si on le compare à celui d'un triptyque presque de la même période, acquis par l'art Institute de Chicago, qui représente une « Crucifixion », flanquée par deux volets divisé horizontalement [...] »3